Je ne connais pas cet homme | ![]() |
DEPUIS
J'AI 26 ANS, MADAME
LA FILLE DU CURÉ
COMMENT ÇA VA
MONTPARNASSE
LES BLANCHISSEUSES
C'EST NORMAL
DIS-MOI
ON N'EST PAS DES ARBRES
LA RENARDE ET LE BELIER TOUFFU
JE NE CONNAIS PAS CET HOMME
NOUS NE POURRONS PLUS DORMIR
LA MORVIEN
LE SILENCE
DEPUIS
Je n'ai plus envie de maison
J'habite un peu partout
Depuis
Je n'ai plus souvent froid
Je n'ai jamais eu de pays
Et les gens sont partout
Alors
Je n'ai plus peur la nuit
Et aujourd'hui je sais pourquoi
J'ai si souvent manqué l'école
Où est-ce que les enfants jouent?
Mon frère se rase matin et soir
Ma soeur n'a plus ses cheveux noirs
Je n'écoute plus leur chanson
J'aime l'imagination...
des arbres.
Depuis...
J'AI 26 ANS, MADAME
J'ai 26 ans
J'aime les pelouses et les coussins
Près de chez moi il y a une sage femme
Je marche comme un fleuve
J'aime boire du thé
et me promener sur le dos des oiseaux
Le soir
je vais traîner autour des bistrots
A la campagne
parfois je m'endors en parlant
Mais j'entends votre réponse
Voilà tu sais tout
LA FILLE DU CURÉ
Le givre et la lune
Gardent la mariée
Minuit a sonné
J'ai mangé des prunes
Les flics sont venus
Chercher ma grand'mère
Bon anniversaire
A tous les pendus
Au café du centre
Y'a des retraités
Le fils du boucher
M'a touché le ventre
Dans notre cité
Tous les gens sont soûls
Ah malheur à nous
Sans la liberté
On me trouvera
Dans deux ou trois jours
Vive le velours
Et le choléra
COMMENT ÇA VA
Lorsque nous avons fini
de consommer le reste de silence
Tu t'endors doucement
je te regarde un peu
Je me lève et avant de partir
je respire profondément auprès de toi
Pour garder quelque chose encore
Sur le palier souvent je reste le dos à la porte
Je ne prends pas l'ascenseur
Dehors je marche lentement
sans changer de trottoir
Un peu plus loin
un ami me demande "Comment ça va ?"
Je sens que déjà l'odeur de la rue s'est déposée sur moi
MONTPARNASSE
Il ne faut pas sortir
Quand il fait beau dans la ville
La poussière est noire
Quand il fait beau dans la ville
Alors on a envie de se coucher par terre
Pour etre manger par les bêtes
Et les papiers gras
La lumiere n'est plus
Qu'un poids de plomb sur la poitrine
Les chantiers sanglottent
Folklore d'esclaves fous
Qui ont le droit de la boucler
Et puis le sable jaune
et les chiens
Tous ces futurs cadavres
Abandonnés au soleil
J'ai envie
de me coucher par terre
Je resterai
là jusqu'au bout
LES BLANCHISSEUSES
Les repasseuses sont paresseuses
Les couturières sont cancanières
Les blanchisseuses sont oublieuses
Les jardinières sont rancunières
Les poissonneuses sont allumeuses
Les charcutières sont chicanières
Les balayeuses sont dédaigneuses
Les cantinières sont cachotières
La la la...
C'EST
NORMAL
(La la la...) Areski !
Qu'est-ce qu'il y a ?
T'as pas entendu un truc bizarre ?
Si.
Qu'est-ce que c'est ?
C'est le gaz. C'est le gaz dans l'appartement en dessous. Des fois y'a fuites. Alors ça s'accumule. Puis si y'a une étincelle ça explose. C'est normal !
Ah.
Et qui dit explosion, dit détonation. Tout le bruit que t'as entendu tout à l'heure,
Ah. (La la la... )
Dis donc.
Quoi ?
Tu n'sens pas le brûlé ?
Ah oui, c'est normal je t'ai expliqué. Il y a eu une explosion.
Oui.
Et l'agitation moléculaire due à cette explosion.
La... quoi ?
L'agitation moléculaire...
Ah ouais.
Provoque une élévation thermique suffisante pour enflammer les matières environnantes.
Oui, oui.
C'est alors ce qu'on appelle la combustion. C'est normal !
Ah.
Tu comprends ?
Oui, oui. (La la la...)
Mais alors... mais... (La la la... )
Qu'est-ce que tu voulais ? (La la la...)
Là je voulais savoir... Tout l'immeuble, il est en train de brûler, C'est bien ça ?
Mais oui, écoute. Les matières qui ont servi A la construction de cet immeuble sont très fragiles. Tu comprends ?
Oui.
C'est normal. Parce que de toute façon il n'y a que des familles d'ouvriers et des étrangers et quelques improductifs.
Oui.
Alors le feu s'empare très facilement des matières.
Ouais...
Ça se propage. Nous sommes donc à la présence d'un incendie.
Ah. un incendie.
C'est normal!
Oui, oui, oui. D'accord. (La la la...La la la...) Areski !
Qu'est-ce qu'il y a encore ?
Tu ne sens pas comme Si on commençait à tomber, là un peu... ?
Ecoute.
Oui.
Essaie de comprendre. C'est très simple.
Oui.
Tu te souviens d'la combustion ? La destruction de l'immeuble par les flammes ?
Oui.
Bon. Ça veut dire qu'en-dessous les murs et les étages ont disparu.
Hum.
Et que nous n' sommes plus soutenue par rien.
Ouais...
Or, une chose qui n'est plus soutenue par rien tombe. C'est ce qu'on appelle la pesanteur. C'est normal !
Aaaaah. Ouais... (La la la..). Mais alors... on va tomber...
Mais oui.
Du 15e étage ?
C'est tout à fait normal. C'est l'attraction terrestre.
D'accord. (La la la...) Areski, excuse-moi
Quoi,quoi ?
Pardon, mais je pense à un truc. On n' va pas mourir dans une minute ?
Brigitte, tu est fatigante !
Pardon.
Donc, on est en train de tomber.
Oui.
Or, tout corps tombe à une vitesse définie.
Oui.
Et en arrivant au sol il subit une décélération violente qui amène la rupture de ses différentes composantes. Par exemple, les membres se séparent du tronc.
Oui.
Le cerveau jaillit hors de la boîte cranienne, etc.
Ouais.
Dans ces conditions de déconnection, Il est évident que le phénomène de la vie ne peut pas se maintenir. C'est normal, tu comprends ?
Ouais ouais...
DIS-MOI
Comme la plume au vent
Souvent femme varie
Qui veut noyer son chien
L'accuse de la rage
Qui veut noyer son chien
L'accuse de la rage
Quand bien mal acquis
Ne profite jamais
Pourtant le patron
Il a des beaux gilets
Un bon tient vaut toujours
Mieux que deux tu l'auras
Voilà un coup de pied
J'espère qu'il te plaira
Les femmes et les brebis
Ah !
Les femmes et les brebis
Faut les rentrer avant la nuit
Ne m'appelle pas olive
Avant de m'avoir cueillie
Dis-moi qui lu fréquentes
Je te dirai qui tu es
Dis-moi qui tu fréquentes
je te dirai qui tu es
Dis-moi qui tu fréquentes
Je te dirai qui tu es
Mais c'est au fond ma belle-mère
Mon mari et mon chien
Il faut manger pour vivre
Et non pas vivre pour manger
Patron, c'est pas poli
De parler la bouche pleine
Patron, c'est pas poli
De parler la bouche pleine
Vox populi, vox dei
Vox populi, vox dei
Tel père, tel fils
A père avare fils prodigue
L'homme est un apprenti
La douleur est son maître
Quoi?
L'homme est un apprenti
La douleur est son maître
Le pouvoir au musée
Tout le plaisir au peuple
ON N'EST PAS DES ARBRES
Si j'étais un arbre
On pourrait faire de moi
Des crosses et des cercueils
Sans que j'y puisse rien
Si j'étais de la terre
On pourrait me morceler
M'entourer de barbelés
Sans que j'y puisse rien
Si j'était une pierre
On pourrait me lancer contre toi
Sans que j'y puisse rien
Si J'étais de l'herbe
Si j'étais de l'eau
Si j'étais de l'air...
LA RENARDE ET LE BELIER TOUFFU
Il y avait une fois une renarde qui ne pouvait souffrir la souffrance.
En tout cas, pas la sienne, hein...
Dès qu'elle en flairait le risque elle préférait s'enfuir par tous les moyens.
Et en fait, elle le flairait partout...
De même que les personnes obsédées par les flics en flairent partout Et ont raison
(hum...)
si. De même, elle, elle avait raison.
Seulement voilà faut-il avoir raison ? C'est une autre histoire.
Celle que je voulais raconter, moi. Et après tout, c'est moi qui commande ici...
c'est... Ecoute !
C'est l'histoire de la renarde qui était tellement portée sur la fuite qu'on l'appelait "La fille de l'air"...
Un jour, comme ça, Elle rencontra un bélier très touffu...
Ah. Qui lui dit ma fille, fini de rigoler. Maintenant on va être heureux. Ouais on va être heureux.
Y faut dire que ça faisait un certain temps qu'ils s'étaient arrêtés l'un en face de l'autre, Et ne pouvaient plus se lacher des yeux.
Allez, qu'il lui dit tu vas voir... quel bonheur tu m'en diras des nouvelles.
Et en disant ça, tu sais ce qu'il faisait ?
Oh.
En disant ça, il lui serrait l'oreille jusqu'au sang
Alors là, la renarde elle dit "Oui, ma foi, vous avez mille fois raison. Je vais chercher mon heau mouchoir brodé et je reviens.
Elle alla derrière la colline, sauta sur son vélo, Et ne revint plus jamais.
Ça c'est pas vrai !
JE NE CONNAIS PAS CET HOMME
Un oiseau se répète
Encore
Et les pierres sur le ciel
Et le feu
Pourtant
nous ne savons pas
Hiver,
comme tu es difficile ...
Je suis une femme et je t'appelle
Encore
Tu me cherches
et tu chantes
Pourtant
nous ne savons pas
Hiver,
comme tu es difficile
Je ne connais pas cet homme
Trois fois
je ne comprends pas le vent
Qui redit encore le mot
d'automne
Je ne me calmerai pas
Hiver,
comme tu es beau.
NOUS NE POURRONS PLUS DORMIR
As-tu déjà vu l'orage
En plein coeur de l'hiver
As-tu déjà vu la neige
Tomber dans le désert
As-tu entendu le vent
Qui est au fond des mers
Depuis que nous avons mangé
Un petit morceau de lune
Je ne connais plus que le feu
Et nous ne pourrons plus dormir
LA MORVIEN
Mais non, car 7 et 8, 15
Je pose 5, je retiens 1
6 et 2, 8,
8 et 7, 14
Je pose 4, je retiens 1
4 et 7, 11
Je pose 1, je retiens 1
6 et 4, 10
Je pose 0, je retiens 1
voilà.
LE SILENCE
Tous les chiens se sont tus
La lune s'est levée
Elle était rouge et nue
Sur mon coeur arrêté
Ah le silence éclaté
Dans le rang répandu
Là sous le ciel qui sue
Ah la chaleur torturée
La lumière qui tue
Et ma vie revenue
Tous les chiens se taisaient
Parfois les fleurs s'égorgent
Je n'oublierai jamais
le ciel est une forge
Ah les oranges écrasées
Les anges écartelés
Et ma vie retrouvée
Ah la chaleur étalée
Dix mille abeilles en feu
Mon amour sur les yeux.